La simulation devient un incontournable de la formation
La Haute autorité de santé (HAS) s’attache à promouvoir la simulation en santé depuis 2010, avec un “Guide des bonnes pratiques” publié en 2012, avant un guide “Simulation en santé et gestion des risques” en 2019. Elle est même devenue un axe de la Stratégie nationale de santé. Si le sujet a surtout concerné jusqu’ici les médicaux et paramédicaux, la pharmacie y vient pour améliorer ses pratiques.
Un (faux) nouveau-né vient de sortir par césarienne sans crier avec une arythmie cardiaque inquiétante : une infirmière est testée sur ses réflexes, entourée des pédiatres de néonatalité. Dans la salle à côté, un trio d’IADE simule la préparation et l’endormissement d’un patient qui sera anesthésié dans la foulée avant de partir au bloc. Des mannequins “intelligents” reproduisent les constantes des patients, l’appareillage est monitoré de la salle voisine, avant un débriefing. Nous sommes dans le centre de simulation de l’Institut régional de formation du CHU de Reims, qui draine des étudiants de la région au titre de la formation continue.
Autre exemple, avec le projet de la faculté de Pharmacie de Nancy proposant une simulation de téléconsultation (TLC) interprofessionnelle : l’étudiant en pharmacie utilise la plateforme et les outils connectés sur un patient simulé sur une base de cas cliniques. De l’autre côté de la caméra, un étudiant en médecine réalise la TLC. Il existe déjà environ 70 centres de simulation en France. Et pour cause, la simulation devient un axe stratégique qui joue aussi sur l’attractivité. C’est le cas par exemple pour les Hospices civils de Lyon dont le centre expert de formation par simulation forme 20.000 professionnels de santé par an.
Jamais la première fois sur le patient
“Jamais la première fois sur le patient”, intime la HAS pour promouvoir la simulation qui s’adresse potentiellement à tous les professionnels de santé. Basée sur l’apprentissage expérientiel, “la simulation en santé correspond à l’utilisation d’un matériel, de la réalité virtuelle ou d’un patient standardisé, pour reproduire des situations ou des environnements de soins, pour enseigner des procédures diagnostiques et thérapeutiques et permettre de répéter des processus, des situations cliniques ou des prises de décision par un professionnel de santé ou une équipe de professionnels”, définit la HAS. Ce à travers différentes techniques : synthétique (simulateurs procéduraux, par exemple un membre pour la vaccination, un mannequin de patient) ; électronique (réalité virtuelle ou augmentée, serious game, environnement 3D) ; et enfin l’approche humaine (patient standardisé, volontaire ou acteur), avec les jeux de rôle.
Autre sujet signifiant pour le pharmacien : la simulation par l’erreur et la méthode de gestion des risques a posteriori (apprendre de ses erreurs). Il s’agit de “développer une culture positive de l’erreur”, insiste la HAS. En simulation, l’erreur peut être recherchée “car source d’apprentissage, dédramatisée et managée afin d’y faire face de manière pertinente”. C’est le principe de la chambre des erreurs dans un environnement donné : chambre de patient, bloc opératoire, pharmacie à usage intérieur (par exemple sur le thème du circuit du médicament)… Une méthode qui permet d’inciter les professionnels à dépister les erreurs, mais aussi à les déclarer en y voyant un facteur d’amélioration.
La pharmacie pleinement concernée
Dans ses récentes “réflexions et propositions” sur la simulation, la Société française de simulation en santé (Sofrasims) souligne “l’efficacité pédagogique de la simulation” pour la pharmacie. “Les mises en situation pour les entretiens pharmaceutiques par exemple peuvent ainsi être réalisées selon différentes modalités, au travers de jeux de rôle structurés ou des simulations via des outils numériques (serious game, Pharma 3D…)”, note-t-elle. Des simulations sont à venir sur les télésoins pharmaceutiques et des simulations concernant l’interprofessionnalité et le travail en équipe utilisent déjà les jeux de rôles, notamment.
Quant aux compétences techniques procédurales, par exemple sur la vaccination, la manipulation de dispositifs médicaux, certains prélèvements ou dépistages, ou encore la préparation de chimiothérapies, de CAR‐T cells, de nutrition parentérale, ou sur la radiopharmacie…, elles peuvent être mises en situation via des mannequins, des acteurs et différents matériels (isolateurs, hottes, réalité virtuelle 360°). Des situations inhabituelles (comme le bris de flacon en chimiothérapie) peuvent aussi être abordées en simulation, continue la Sofrasims. Enfin, la simulation est utilisée en pharmacie hospitalière pour les compétences organisationnelles en gestion de crises et situations sanitaires exceptionnelles, conclut-elle.
Sources :
Haute autorité de Santé. Guide de bonnes pratiques en matière de simulation en santé. Décembre 2012
https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2013-01/guide_bonnes_pratiques_simulation_sante_guide.pdf
Haute autorité de Santé. Simulation en santé et gestion des risques. Février 2019
https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2019-02/guide_methodologique_simulation_en_sante_et_gestion_des_risques.pdf
Sofrasims. Simulation en santé – Réflexions et propositions. Juin 2022
https://sofrasims.org/wp-content/uploads/2022/06/SYNTHESE-SIMULATION-3-GROUPES-VF.pdf